L’espérance : une force trompeuse ?

Bonjour à toutes, bonjour à tous, 

 

J’espère que vous allez bien. 

 

Voici le nouveau billet philo !

 

Les avis divergent au sujet de l’espérance…


On la définit comme un sentiment d’attente confiante, tournée vers la réalisation d’un fait ou l’obtention d’un objet désiré.

 
Dans le domaine religieux, on distingue volontiers « l’espoir » de « l’espérance », qui concerne proprement l’au-delà, Dieu ou le salut.


Je dirais volontiers que, dans ce domaine, l’espoir se distingue de l’espérance, comme la croyance se distingue de la foi.


Chacun/chacune d’entre nous a des « croyances ». En revanche, tout le monde n’a pas la « foi » – quel que soit l’objet de cette foi : foi en l’homme, en l’avenir, en notre partenaire de vie, etc. 
 

L’espérance, en tout cas, est une grande vertu aux yeux de l’Eglise catholique Romaine. C’est une vertu « théologale », c’est-à-dire tournée vers Dieu.

 

De façon plus prosaïque, on peut aussi ne pas séparer « espoir » et « espérance ». On peut même les identifier.

 
Dans ce cas, on constate que c’est une grande puissance de vie : « l’espoir fait vivre », dit-on… 

 

Il permet de supporter les vicissitudes du sort, les affres de l’existence, dans l’attente d’un « après » ou d’un « ailleurs », d’un « mieux » qui viendra.


De fait, l'espoir rapproche de nous la chose attendue.


Notre imagination lui donne corps et entretient ce désir, nourri d’une attente, parfois ardente. C’est pourquoi l’espoir n’est pas nécessairement « passif ». Il peut être une force dynamique, qui nous pousse vers l’avant.


Certains préfèrent même le moment de l’espérance à celui où nos désirs se réalisent.


Il est vrai que la réalisation de nos espoirs n’est pas toujours à la hauteur de nos attentes…


Avoir de « grandes espérances » expose, parfois, à d’amères désillusions.


C’est pourquoi une certaine philosophie conseille, en toute sagesse, le « dés-espoir ».


Attention, aux yeux de ses défenseurs, le « dés-espoir » n’est pas une affliction, une tristesse, un désarroi ou même l’abandon de toute entreprise. 

 

En d’autres termes, ce n’est pas une « démission ».


Il s’agit plutôt d’une absence d’espoir, qui doit nous libérer des illusions de l’espérance, sans nous priver de la force d’agir.


« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer »

 

selon la devise célèbre du prince Guillaume d’Orange.


Parmi nos contemporains, le philosophe André Comte-Sponville se revendique d’un désespoir constructif.


Il n’est pas le seul, ni le premier.


Pour les Grecs de l’antiquité, l’espérance n’était pas forcément positive. En témoigne le célèbre mythe de Pandora, la première femme « offerte » aux hommes par les dieux.


Vous savez, cette femme qui tenait entre ses mains une jarre contenant tous les maux de l’humanité et qui, par curiosité, ouvrit son couvercle… 

 

Parmi les maux, il y avait « l’espérance ». Le mythe nous dit que Pandora referma le couvercle juste assez tôt pour ne pas la laisser sortir :

 
« L’Espérance seule resta à l’intérieur », nous dit le poète Hésiode en racontant cette histoire.*

 

Justement, je reviens sur cette histoire et sur la signification de la première femme pour les Grecs dans la dernière vidéo en ligne sur la chaîne :

Vidéo "La vie vaut-elle la peine d'être vécue ?"

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J’en profite pour remercier celles et ceux qui ont pris le temps de laisser un avis.


Merci de votre attention 


Cordialement


Philippe BOULIER


 

* Hésiode, Les Travaux et les Jours, v. 96-97 : “μούνη δ' αὐτόθι ᾿Ελπὶς (…) ἔνδον ἔμιμνε”

 


Image de couverture : 
https://www.freepik.com/free-photo/hand-holding-dandelion_945347.htm#fromView=search&page=1&position=23&uuid=bcd99521-e0f9-413f-867c-925fb0e3bfac&query=hope 
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