Les ambivalences du pouvoir

Bonjour à toutes, bonjour à tous, 

  

J’espère que vous vous portez bien, en ces temps mouvementés. 

 

Le billet d'aujourd'hui est (librement) inspiré par les circonstances actuelles

 

En effet, le Premier Ministre François Bayrou a décidé de soumettre son gouvernement au vote de confiance du parlement, ce lundi 8 septembre 2025.

 

Le résultat semble, pour beaucoup, déjà écrit.

 

Parfois, le pouvoir offre un visage ambivalent : 

 

d’un côté, l’apparence d’une grande force, appuyée sur la solennité des cérémonials qui l’entourent, et, de l’autre, une singulière vulnérabilité, quand sa légitimité chancelle.

 

Même les pouvoirs autocratiques ne sont jamais à l’abri d’une « révolution de palais ».

 

Il y a notamment deux ambivalences qui me sont venues à l’esprit : 

 

  • Tout d’abord, le pouvoir semble synonyme de sûreté et de sécurité. Pourtant, il peut mettre dans une position de fragilité ;

 

  • Ensuite, le pouvoir est synonyme de liberté et de capacité à se faire obéir. Pourtant, il peut aussi conduire à une forme de servilité.

 

Une célèbre légende illustre la première de ces ambivalences : il s’agit de l’épée de Damoclès

 

Elle nous est racontée par l’écrivain latin Cicéron dans le livre V de ses Tusculanes.

 

Le contexte est le suivant :

 

Denys l’Ancien (c. 431 – c. 367 avant J.-C.) est le tyran de Syracuse. Il dirige d’une main de fer cette colonie grecque. Son pouvoir, brutal et injuste, le plonge dans une crainte incessante d’être tué ou renversé.

 

Cicéron nous donne quelques exemples de cette peur permanente :

 

 « la crainte de perdre son injuste domination l’avait réduit à s’emprisonner, pour ainsi dire dans son palais. Il avait même porté la défiance si loin, que, n’osant confier sa tête à un barbier, il avait fait apprendre à raser à ses propres filles. »

Cicéron, Tusculanes, V, chap. 20.

Ou encore : 

« Encore, dit-on, que quand elles furent un peu grandes, craignant le rasoir jusque dans leurs mains, il imagina de se faire brûler par elles les cheveux et la barbe avec des écorces ardentes. »

 

Une vie de pouvoir, de brutalité, d’injustice… et de peur paranoïaque.

 

L’un des flatteurs qui remplissaient sa cour, Damoclès, avait loué sa puissance.

 

Aussi, Denys décida de lui faire un cadeau empoisonné.

 

Il proposa à Damoclès, le temps d’un banquet, d’« être à sa place », c’est-à-dire de jouir de la position du tyran.

 

Le malheureux Damoclès accepta.

 

Or, il ne faut pas toujours chercher à réaliser ses fantasmes.

 

C’est ce que nous enseigne l’un des personnages de la pièce d’Oscar Wilde, An Ideal Husband : Sir Robert Chiltren. Ce dernier, qui a fait une incroyable fortune, énonce cette phrase énigmatique, restée célèbre :

 

« Quand les dieux veulent nous punir, ils exaucent nos prières. »*

 

Ce fut le cas pour Damoclès. 

 

La suite – et bien plus – vous est contée dans la vidéo mise en ligne sur la chaîne !

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En vous remerciant de votre attention et en vous souhaitant (sans ambivalence) une bonne journée

Cordialement

Philippe BOULIER

  

* « When the Gods wish to punish us, they answer our prayers. »

Oscar Wilde, An Ideal Husband (acte II)

Image de couverture : 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Portrait_de_Laurent_le_magnifique#/media/Fichier:Lorenzo_el_Magn%C3%ADfico,_por_Giorgio_Vasari.jpg

Giorgio Vasari (1511–1574), Ritratto di Lorenzo Il Magnifico

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