“ON N’EST HEUREUX QU’AVANT D’ÊTRE HEUREUX”

Une femme en équilibre sur une ligne de chemin de fer

Bonjour à toutes, bonjour à tous, 

 

J’espère que vous passez un bon début d’été et que vous profitez du soleil, sans souffrir de la chaleur.

 

C’est l’heure du nouveau billet philo.

 

En effet, même si la saison des cours et des ateliers est désormais terminée, le billet se poursuit pendant l’été. 

 

Si vous appréciez le billet, les contenus en ligne sur la chaîne Kheîlos, les cours ou les ateliers, n’hésitez pas à laisser un commentaire sur mon profil Google

 

C’est ainsi que fonctionne la modernité ! 

et, maintenant, place au billet philo : 

  

« On n’est heureux qu’avant d’être heureux »

 

La phrase n’est pas de moi, mais de Jean-Jacques Rousseau.

 

Il s’agit, plus précisément, d’une phrase écrite par l’un des personnages de son roman Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761).

 

Cette phrase semble plus qu’un paradoxe. Elle énonce une véritable contradiction. 

 

Comment peut-on être heureux ou heureuse avant de l’être ? Et, si c’est le cas, pourquoi cherche-t-on à être heureux/heureuse, si on l’est déjà ? 

 

Vous allez sans doute penser que le « philosophe » qui vous écrit aime à vous torturer les méninges ou se plaît à vous plonger dans d’obscurs labyrinthes de pensée.

 

Tout le monde est tenté d’énoncer l’alternative suivante : soit l’on est heureux, soit on ne l’est pas. « Point à la ligne ».

 

Oui, mais…

 

Déjà, il y a un « mais »…

 

Que dire des personnes qui pensaient embrasser le bonheur, en satisfaisant tel ou tel désir, et qui découvrent qu’elles étaient plus heureuses avant de le satisfaire ?

 

Là encore, vous allez penser que j’abuse des paradoxes, qui sont les véritables « substances illicites » consommées par les amateurs ou les amatrices de philosophie. 

 

Toutefois, ne nous est-il pas arrivé de « déchanter » ou d’être déçus/es de la satisfaction d’un désir ? Pour mieux dire, la satisfaction d’un désir n’est-elle pas, parfois, insatisfaisante ? 

 

A nouveau, vous pourriez me répondre qu’il s’agit d’une contradiction : soit on satisfait son désir et l’on éprouve une « satisfaction » de ce désir assouvi, soit on ne satisfait pas son désir et l’on reste dans la frustration d’un désir inassouvi

 

Oui, mais…

 

Là encore, il y a un « mais »…

 

Que dire de ceux qui préfèrent, parfois, ne pas satisfaire leur désir ? ou ne pas réaliser leurs fantasmes ? 

 

Je parle de « fantasmes » au sens (large) de ce qui est rêvé, imaginé, scénarisé par notre esprit avec l’idée d’un bonheur associé à la réalisation de ce rêve.

 

Alors, que nous dit Rousseau ou, plutôt, son personnage à ce sujet ? 

 

L’auteure de cette formule est Julie : personnage éponyme du roman, désormais mariée, elle écrit en tant que Madame de Wolmar à son ancien amour, Saint-Preux. 

 

Dans un passage très célèbre du roman, qui constitue un « incontournable » des cours de philo en Terminale, elle déclare qu’il vaut mieux éprouver du désir que de l’avoir satisfait.

 

Je la cite :

 

« Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. »

 

Oui, je sais, il y a une nouvelle contradiction apparente dans ce passage. 

 

Comment peut-on « perdre » l’objet de son désir, en « obtenant » l’objet désiré ? 

 

Comment peut-on « posséder » une chose (ou une situation) avant de l’acquérir ? Et comment peut-on en être dépossédé, au moment où on l’obtient ?

 

Vastes questions…

 

J’aborde ces paradoxes dans la dernière vidéo mise en ligne sur la chaîne, vidéo intitulée « Qu’est-ce qu’un fantasme ? » 

Je vous donne un indice, par écrit, avant l’éventuel visionnage de la vidéo : 

 

LE POUVOIR DE L’IMAGINATION

 

N’est-ce pas cela le fantasme ? Le désir doublé du rêve et de l’espoir ? La chimère qui tient en haleine jusqu’à avoir, enfin, atteint le point désiré ?

 

Est-ce que l’imagination ne produit pas l’illusion d’une possession, illusion qui disparaît avec la réalisation du désir ?

 

Rendez-vous sur la chaîne pour en savoir plus !

 

En vous souhaitant une bonne fin de journée

 

Merci de votre attention 

 

Cordialement

 

Philippe BOULIER 

 

 

* Référence : Jean-Jacques ROUSSEAU, Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), partie VI, lettre VIII, de Madame de Wolmar à Saint-Preux.

 

Image de couverture : 

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